samedi 21 mars 2009

Territoires inconnus


Nous sommes rentré dans des territoires inconnus, avec les dernières notes conjoncturelles de l'INSEE. Selon l'INSEE, la production aurait reculé de 1.5% au premier trimestre, et reculera de 0.6% au suivant -ce qui conduit à un "acquis de croissance" de 2.9% à la moitié de l'année.

La récession est donc de très loin la plus grave qu'aura connu la France depuis la Seconde Guerre mondiale, d'une gravité à proprement parler inouïe.

Pour prendre la mesure de la chose, utilisons une petite "loi d'Okun" fondée sur une régression du lien entre évolution du chômage et le taux de croissance, en France depuis 1990. Au quatrième trimestre de 2008, le taux de chômage était de 7.8%. Si on applique la loi d'Okun, et en faisant l'hypothèse que la récession ne dépassera pas ces -2.9% pour 2009, on peut s'attendre à une hausse de 5 points de % du taux de chômage. Autrement dit, il y aurait début 2010, près de 13% de chômeur en France.
Nous atteindrions un sommet historique, supérieur au 12.5% du début de la décennie 1990. Bien sûr, ce n'est qu'une régularité statistique et il y a tout lieu de penser que le taux de chômage sera plus faible. D'une part, moins de jeunes actifs viendront sur le marché du travail. D'autre part, les gains de productivité ont tendance à ralentir, au moins au commencement d'une récession (les entreprises n'ajustant pas immédiatement leur main d'œuvre à la baisse de la demande). Pour l'instant, l'INSEE ne prédit qu'un peu moins de 9% de chômeur au milieu de l'année. Disons simplement que nous allons retrouver le niveau des années 1990, avec 12% de chômeur. Mettons même 11%.

Mais il n'y a pas de raison particulière de penser que la récession va s'arrêter en 2010, en tout cas aucune de croire que la croissance atteigne un niveau suffisant pour que le taux de chômage puisse diminuer. Bref, si ce n'est fin 2009 que nous atteindrons les 13%, cela paraît une possibilité très réelle pour fin 2010, et même avant.

Nous sommes vraiment dans des territoires inconnus : ceux d'un chômage de masse qui nous ramène 20 ans en arrière, et peut être même beaucoup plus loin encore.

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